- lutiner
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• 1585 « faire le lutin »; de lutin1 ♦ Vx Taquiner de façon espiègle.2 ♦ (av. 1709) Harceler (une femme) de petites privautés par manière de plaisanterie. ⇒ peloter. « Je la lutinais un peu, ce qui semblait l'amuser » (Maupassant).Synonymes :- peloter (populaire)lutinerv. tr. Harceler de familiarités galantes.⇒LUTINER, verbe trans.A. — Vieux1. Tourmenter à la manière d'un lutin. Cette substance [le corps] (...) nous lutine d'une manière si étrange (X. DE MAISTRE, Voy. autour chambre, 1794, p. 14). En Bretagne, où des morts plaisantins lutinant des abbés... (HOURDICQ, Hist. Art, Fr., 1914, p. 128).2. Agacer avec espièglerie pour jouer. Synon. faire enrager; taquiner. Cerise lutinait son enfant et riait avec lui (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 546). La duchesse du Maine (...) lutinait tout le jour Santoul, qui entrait tête baissée dans la plaisanterie (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 11, 1851-62, p. 46):• 1. ... je l'ai vu (...) se coucher sur le tapis de la chambre de ma belle-soeur, et se laisser lutiner avec un tapage affreux par les enfants ameutés.CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 187.♦Emploi pronom. réciproque. Ils [les garçons] ne dormirent guère, car ils ne songèrent qu'à se lutiner les uns les autres (SAND, Mare au diable, 1846, p. 194).— P. anal. Synon. titiller. Votre petit vin lutine aimablement le goût (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 183).B. — En partic. Taquiner (une femme) en prenant des privautés sous le couvert de la plaisanterie; p. ext. caresser sensuellement. Synon. pop. peloter. Un grand coquin de coureur, qui lutinait une femme de chambre, faillit à me renverser en voulant attraper la demoiselle qui s'était, sans façon, réfugiée derrière moi (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 232). Nous le voyons lutiner la bonne dans l'escalier, il la traite de brioche, etc... (G. MARCEL, Heure théâtr., 1959, p. 119):• 2. ... les autres s'assirent à côté des femmes et se mirent à les lutiner. Marthe devint froide comme un marbre dès que l'éphèbe, enhardi par le sans-gêne des couples, voulut l'embrasser.HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 107.♦[P. méton., en parlant d'une partie du corps] Je lui donnai un baiser, lui caressai les cheveux. Pour la première fois peut-être, je lui lutinai la gorge, la taille (J. ROMAINS, Le Dieu des corps, Paris, Gallimard, 1928, p. 200).— Emploi pronom. réciproque. De ce moment commença entre eux l'éternelle histoire de l'amour. Ils se lutinaient dans les coins (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 26).REM. Lutineur, subst. masc., hapax. Un grand diable balafré, (...) lutineur de servantes (ARNOUX, Contacts all., 1950, p. 34).Prononc. et Orth.:[lytine], (il) lutine [lytin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1585 «faire le lutin» (NOËL DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel ds Œuvres, éd. J. Assézat, t. I, p. 216); 2. a) av. 1709 «taquiner une femme en prenant des privautés sous-couvert de plaisanterie» (REGNARD ds BESCH. 1845); cf. 1729 (ALLAINVAL, École bourgeoise, p. 93: je me promets bien de désoler des maris, et de lutiner bien des femmes); b) 1718 «taquiner avec espièglerie comme le ferait un lutin» (Ac.). Dér. de lutin; dés. -er. Fréq. abs. littér.:48.lutiner [lytine] v. intr. et tr.ÉTYM. 1585; de lutin.❖———I V. intr. Vx. Faire le lutin, le diable.———II V. tr.1 (1718; d'un lutin, 1684). Vx. Taquiner avec espièglerie, comme le ferait un lutin.1 Mme de Caylus fait tout pour avoir ses entrées auprès de sa tante en ces rares moments; elle l'agace, elle la lutine en tout respect pour la dérider (…)Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 28 oct. 1850.2 (Av. 1709). Mod. (mais littér. ou affecté; par attraction de lutte). Taquiner (une femme) en prenant des privautés sous le couvert de la plaisanterie. ⇒ Peloter.2 (…) il lui fallait à tout prix un bon dîner à déguster, comme à un homme galant une maîtresse à (…) lutiner.Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 540.3 (…) il circule entre les groupes, qu'il lutine et dérange (…) Ici, il effleure de ses lèvres de blanches épaules; là il entoure de ses doigts une taille de guêpe (…)Th. Gautier, Voyage en Russie, XX.4 (…) et sans cesse la petite bonne entrait, apportant, soit mon dîner, soit de la tisane. Je la lutinais un peu, ce qui semblait l'amuser, mais nous ne causions pas, naturellement, puisque nous ne nous comprenions point.Maupassant, Contes de la Bécasse, Un fils.♦ Par extension :5 Je tâchais de rester très gai moi-même. Je lui donnai un baiser, lui caressai les cheveux. Pour la première fois peut-être, je lui lutinai la gorge, la taille. Jamais nos caresses n'avaient eu ce ton de badinage et d'irrespect.J. Romains, le Dieu des corps, X.❖DÉR. Lutinerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.